vendredi 1 janvier 2010

De Grégoire Palamas...



Paul, lorsqu'il était en Dieu et lorsqu'il contemplait en extase les choses invisibles de Dieu, vit-il l'essence de Dieu ? Qui pourrait dire cela ? De même, ceux qui ont été purifiés par l'hésychie se rendent dignes de contempler les choses invisibles, alors que l'essence de Dieu reste hors de leur atteinte ; toutefois, seuls ceux qui sont dignes de cette contemplation peuvent y être initiés et en faire l'objet de leur intellection ; ils participent ainsi au don intelligible de la lumière de Dieu dans leur intelligence impassible et immatérielle ; mais ils savent aussi que le Divin dépasse ces contemplations et ces initiations ; et ainsi ils possèdent cette grâce supraintelligible et surajoutée d'une façon qui nous dépasse : ils la possèdent, non pas parce qu'ils ne voient pas à la façon de ceux qui font de la théologie négative, mais c'est dans leur vision même qu'ils connaissent ce qui dépasse la vision, en subissant la négation et non en la concevant. De même que l'acte de subir et de voir les choses divines diffère de la théologie cataphatique et lui est supérieur, de même l'acte de subir la négation dans la vision spirituelle, négation liée à la transcendance de l'objet, diffère de la théologie négative et lui est supérieur. En effet, si l'on voit le reflet du soleil dans un miroir plus éclatant que le soleil du ciel et si l'on sent sa propre vue diminuée par ces rayons reflétés, on comprend certainement que l'archétype est invisible du fait de sa transcendance, non parce qu'on ne voit pas, mais parce que l'on voit. De même donc, ceux qui sont dignes de cette très bienheureuse contemplation reconnaissent que cette action déifiante est supérieure à toute vision, non par voie de négation, mais par une vision dans l'Esprit : combien plus reconnaîtront-ils ce caractère à Celui qui agit. Quant à ceux qui auraient suivi leur enseignement, ils reçoivent le don intelligible de la lumière et peuvent se livrer à la théologie apophatique ; mais il leur est impossible de recevoir une vision analogue pour contempler, par elle et avec elle, l'invisibilité de Dieu, à moins de recevoir aussi l'union surnaturelle, spirituelle et supraintelligible.


in Triades pour la défense des saint hésychastes,
traduction de Jean Meyendorff, Louvain, 1959.