lundi 7 décembre 2009

Bien loin de notre époque, des mots qui ne peuvent plus être compris...




Dans le bouddhisme Zen, plusieurs personnages comme les Samurai portent deux épées, tels Manjushri et Achala. Cependant l'épée sacrée de Manjushri n'est pas pour tuer les êtres mais notre propre avidité, colère et folie. Elle est dirigée contre nous-mêmes pour que le monde extérieur, qui est le reflet de ce qui est à l'intérieur de nous, devienne également vide d'avidité, de colère et de folie. L'épée représente la force de rectitude de l'intuition qui, contrairement à l'intellect, ne se divise pas elle-même et ainsi déblaie son propre passage.
Au temps du Japon féodal, la caste des Samurai chérissait ce genre d'idée à propos de l'épée. Ils lui accordaient le plus haut respect. A la mort du Samurai, elle était placée à côté de son lit et quand un enfant naissait on plaçait l'épée dans la pièce. Il se mêlait à sa présence un sentiment de sécurité et de bonheur pour l'esprit qui partait et celui qui arrivait.
Le forgeur d'épée, en ce temps-là, invoquait toujours l'aide du Dieu protecteur. Pour attirer sa présence, le forgeron entourait son atelier avec des cordes consacrées, excluant ainsi l'intrusion de forces ou d'esprits mauvais. Le forgeron procédait lui-même, revêtu d'une robe de cérémonie, à une incantation purificatrice. Pendant qu'il frappait la barre d'acier et la plongeait successivement dans le feu et dans les bains d'eau spéciale, le forgeron et son aide étaient dans un état d'esprit d'une intensité maximum. Confiants en l'aide du Dieu auquel ils avaient consacré leur travail, ils atteignaient la limite de leur puissance : mentale, physique et spirituelle. L'épée ainsi réalisée était réellement une oeuvre d'art et devait refléter l'esprit de l'artiste.
Quand quelque chose de divin entre dans la confection de l'épée, son possesseur doit répondre à l'inspiration de cette présence. Il doit être un serviteur de l'esprit et non un agent de la brutalité. Son esprit doit être à l'unisson de l'âme qui anime la froide surface de l'acier. Les grands hommes d'épée ne se sont jamais lassés d'introduire ce sentiment dans le mental de leurs élèves. Quand les Japonais disent que l'épée est l'âme du Samurai, nous devons nous rappeler tout ce que cela signifie, c'est-à-dire : loyauté, auto-sacrifice, respect, bienveillance et culte des sentiments élevés, spirituels et religieux. Telle est l'âme du véritable Samurai.

in "L'Esprit du Judo" de J.L. Jazarin,
Président du Collège des Ceintures Noires, 7 ème Dan.
Editions Budostore,
34, rue de la Montagne Sainte Geneviève, Paris, 5ème,
chez ce fabuleux et généreux
introducteur du Karaté en France qu'est Henri Plée.

Nous eûmes le bonheur d'entendre J.L. Jazarin, commentant d'une façon magistrale et profondément humaine le Tao-të-King ; de ce 7ème Dan de Judo émanait bonté, force sereine, et un calme indéfinissable.