"Ce n'est que peu à peu, par le spectacle des choses, par la vie, par l'expérience, par la douleur que l'âme prend une conscience plus nette de ce qui est et d'elle-même, des désordres du monde et de ses besoins de justice, de réparation, d'harmonie. Dans l'antiquité, il n'est rien qui ne puisse devenir Dieu. L'enfance répand sur les choses le merveilleux qui est en elle. Les imaginations naïves et fortes se troublent et s'hallucinent les unes les autres. La nature mobile de la mer, l'écume des vagues, les nuages qui courent, le soleil obscurci, la lune mystérieuse, douce et froide, qui monte à l'horizon et sur la terre endormie s'éveille silencieusement ; une terreur, une joie, une impression vague et mal définie, la poésie qui sort de toutes choses par les sentiments qui s'y mêlent ; tout ce qui étonne, tout ce qui épouvante, tout ce qui rassure, tout ce qui devient émotion devient Dieu."
in Essai sur le génie dans l'Art par Gabriel Séailles,
Paris 1883.
Paris 1883.