Au sujet de Dominique de Roux, Luc-Olivier d'Algange évoque les "impondérables, [les] fugacités tremblantes, [les] chromatismes insaisissables qui sont le propre de la parole, c'est-à-dire du Logos lorsque de celui-ci ne se sont pas encore emparés les idolâtres et les abstracteurs". Dans Fin mars. Les hirondelles, il convoque, outre Dominique de Roux, Joseph Joubert, Henry Montaigu, René Guénon, Gustave Thibon, Gomez Davila, André Suarès, Ernst Jünger, Henry Corbin, Azîzoddîn Nasafî, Julien Gracq... Autant de maîtres auprès de qui le néoplatonicien (pour simplifier) Luc-Olivier d'Algange a appris que la présence pure de l'Etre se dérobe dans le poudroiement des apparences, mais qu'elle lui est paradoxalement consubstantielle, et qu'il faut donc, pour l'atteindre, être doté d'une bonne boussole herméneutique. On touche là à l'essence même de la poésie : "Ceux qui ne discernent point en l'oeuvre de René Guénon une immense promesse de poésie se font une bien pauvre image de la poésie. Toute grande poésie est métaphysique et toute grande métaphysique capte ces flamboiements de l'Ether qui sont la preuve de l'existence de la poésie". Les études qui composent cet ouvrage sont autant de variation sur un même thème, et la langue qui les soutient est précisément celle d'un poète.
M.M.
Paru dans le numéro 134 de la revue ELEMENTS, le magazine des idées.