jeudi 3 décembre 2009

Du grand Grégoire Palamas...



La Divinité par nature, le Principe de la déification, l'Origine imparticipable dont les déifiés tirent leur déification, la Béatitude elle-même, transcendante à toutes choses et suprêmement théarchique, n'est donc en elle-même accessible à aucune sensation et à aucune intelligence, à aucun être incorporel ou corporel ; ce n'est que lorsque l'un ou l'autre de ces êtres sort de lui-même et acquiert un état supérieur qu'il est déifié ; car ce n'est qu'à une intelligence et un corps unis à elle dans leur hypostase même que, selon notre foi, la Divinité est et devient visible, bien que cette vision ne soit pas du domaine de leur nature propre. Seuls ces êtres unis à elle se sont trouvés déifiés
par la présence totale de Celui qui les oint (Grégoire de Nazianze) ; ils ont reçus une énergie identique à celle de l'Essence déifiante, ils la possèdent dans sa totale plénitude et la révèlent par eux-mêmes. Et en effet, selon l'Apôtre, en Christ habite toute la plénitude de la Divinité, d'une façon corporelle. Voilà pourquoi certains saints, après la venue de Dieu en chair, ont vu cette lumière comme une mer sans limite, s'écoulant extraordinairement d'un soleil unique, le corps adoré, de la même façon que les Apôtres le virent sur la montagne. C'est donc ainsi que les prémices de notre mélange humain sont déifiés. Mais la déification des anges et des hommes déifiés n'est pas l'essence suressentielle de Dieu ; elle ne se manifeste pas dans ces êtres déifiés, comme l'art se manifeste dans l'objet d'art, car c'est ainsi que la puissance productrice se manifeste dans les objets créés par elle, universellement visible et même se réfléchissant en eux ; la déification se manifeste dans ces êtres, selon le grand Basile, comme l'art dans celui qui l'a acquis. C'est pourquoi les saints sont des instruments du Saint-Esprit, ayant reçu la même énergie que lui.


in Triades pour la Défence des saint hésychastes,
traduction de Jean Meyendorff,
Université Catholique de Louvain, 1959.