dimanche 8 novembre 2009

De Luc-Olivier d'Algange...




L'intelligence du Moderne qui n'aime rien, est dépossédée de ses ressources, si bien qu'être intelligent dans ce monde technique revient à devenir bête. L'imbécile ne comprend rien car il n'aime rien. Lorsque l'intelligence cesse d'être amoureuse, elle se détruit elle-même. La sympathie poétique que les hommes des civilisations plus anciennes éprouvaient pour la pierre, l'arbre, la vague, le ciel, cette sympathie active qui se traduisait en mythologies et en rites, loin d'être une forme "primitive" de l'intelligence, garantissait au contraire à l'intelligence son plein essor, ses plus hautes possibilités. La souveraineté est un combat et un voyage dont la traversée odysséenne est le paradigme. C'est le héros de Homère qu'il faut interroger pour connaître le sens de la souveraineté et non le technocrate imbu de ses pouvoirs sur tel ou tel processus mécanique de la réalité. Pour l'homme traditionnel, la réalité était naturellement vaste et complexe. Des influences variées s'y jouaient, une polyphonie humaine et divine harmonisait les réalités sensibles et insensibles, les arbres et les nombres, selon des lois qu'il n'y avait pas lieu de faire appliquer car elles s'appliquaient d'évidence dans toutes les manifestations du cosmos.

in De la souveraineté par Luc-Olivier d'Algange, Editions Alexipharmaque, 2007.