dimanche 30 août 2009

De l'énigmatique H. de B. ...



L'apophatisme radical de la "théologie mystique" fait de la gnose le sommet de l'humilité ; cette inconnaissance (agnosia), cette "humilité intellectuelle", n'est pas l'abolition, mais le "silence de l'intellect" (hésychia), car dans la Ténèbre divine, Dieu est "invisible parce qu'incommensurablement manifeste", l'intellect n'est donc nullement écarté au profit de l'amour, comme dans l'école franciscaine, mais rendu transparent à cette Lumière incrée, "transsubstantiellement radieuse", qui à travers le noûs, miroir de Dieu dans le coeur, irradie l'être tout entier de l'"inconcevable beauté" divine ; et comme cette Beauté "rayonnante" est "en même temps source transcendante de vie... et l'ultime désir des désirs', le "lieu" de l'amour véritable, l'amour n'est pas davantage ici écarté au profit de l'intelligence, comme dans la théologie spéculative, il est au contraire intégralement présent, précisément parce que cette connaissance est apophatique, suprà-rationnelle, et ne réside pas dans le cerveau, où elle s'opposerait à l'amour, mais "descend et demeure à jamais dans le coeur", où l'intelligence ne rejoint pas seulement l'amour, mais coïncide avec lui dans un acte unique "transcendant tout dualité créée... en s'unissant à la Trinité suressentielle...". Mais cet amour, que présuppose l'impassibilité, n'est pas plus affectif que cette connaissance n'est cérébrale, il est lumineux et incandescent comme elle ; il n'est pas tendresse pour les théophanies terrestres de Dieu , mais "ravissement" dans "l'éclat fulgurant de la Divine Beauté".


Si la spiritualité orientale ignore la distinction entre une "voie de l'amour" et une "voie de la connaissance" commune à la plupart des autres formes de spiritualité, c'est parce qu'elle est centrée toute entière, comme l'attestent sa liturgie et ses icônes, sur la Beauté divine, où l'Esprit de Vérité est amour et Sa lumière grâce.

in La Prière du Coeur par H. de B.