dimanche 13 décembre 2009

Sur Denys l'Aréopagite...



Le flambeau mystique que fut Denys l'Aréopagite transmettra au Moyen Age la symbolique profonde de l'orientation biblique : "per visibilia ad invisibilia". Il la présentera et développera subtilement. Dans Les Noms divins, il montre comment Dieu, Beau suressentiel, fait rayonner sur toutes choses, pour les revêtir de beauté, les effusions de la source rayonnante qui sourd de lui-même tout en tout. Il n'est rien qui ne soit étincelle de son harmonie, de sa beauté, de sa bonté. Ainsi le soleil naturel...
"... qui est toute lumière, dont l'éclat ne cesse jamais... qui éclaire tout ce qui peut être éclairé, lui qui possède une lumière débordante et qui déverse sur la totalité du monde visible, à tous les échelons du haut en bas, l'éclat de son propre rayonnement..., qui concourt à l'engendrement des corps sensibles, les meut de façon à leur donner vie, les achève, les purifie et les renouvelle" (ch. IV, 4).
... renvoie à l'Autre Soleil qu'est Dieu et que Denys appelle dans La Hiérarchie Céleste "le Soleil théarchique" (ch.XV, 8).
Connaisseur intime, par contemplation, des mystères de Dieu, il use, dans sa Théologie mystique, à la fois de l'approche affirmative et de l'approche négative. Dieu est en tout, et il l'y faut découvrir, mais "Lui qui a pris la ténèbre pour retraite" (Ps 17, 2) transcende tout. S'élever de l'inférieur au Transcendant c'est, au bout de la route, plonger dans le silence de l'Ineffable, déboucher sur la Ténèbre suressentielle que dissimule toute la lumière contenue dans les êtres.
Il insiste sur la nécessité de transcender non seulement toute affirmation mais aussi toute négation.
L'invisible est nuée qui s'éclaire mais ne se dissipe pas.

in LA MYSTIQUE DE L'INVISIBLE de Roland Maisonneuve,
Question de... N° 91, 84220 Gordes, 1992.

Au dessus du texte, Denys l'Aréopagite dans une fresque de Théophane le Grec...