dimanche 11 octobre 2009

Du redoutable, flamboyant , ahurissant et adamantin poète et philosophe roumain Jean Parvulesco...


A l'heure du dernier et du plus profond tumulte des eaux, tout ce qui est caché réapparaîtra donc à nouveau, l'espace d'un éclair, mais quel éclair, pour se donner à voir dans la pleine lumière du jour, dans la très équivoque lumière blanche et verte de ce jour-là ; les fonds remonteront, et ce qui était au-dessus des eaux s'y engouffrera en hâte ; mais les flots doivent l'emporter sur tout, et pour bien longtemps encore ne restera en surface que ce qui était déjà resté lors des effondrements antérieurs, les Neuf Iles occidentales dont l'assemblage maintient, dans les hauts tourbillons d'écume que l'on sait, le nom secret de l'Atalanta Fugiens, qui est, en lui-même l'ancien nom égyptien de l'Atlantide. Un assemblage de rochers nus, tumultueusement battu par les vagues noires et vertes de l'Atlantique occidental préfigure, ainsi, et n'en finit plus d'exalter la couronne virginale des grands recommencements à venir, couronne elle-même l'écriture de quelle autre écriture, couronne trempée dans le feu inextinguiblement limpide d'un désir antérieur à tout désir, l'Unique Désir de l'Unique, Front de Clarté immergé abyssalement au-dessous du triangle Flores, Corvo, Terceira et déporté, sans répit, vers le foyer de redressement philosophique où Santa Maria déploie aux vents brûlants du Sud Sud-Est les bannières blanche et bleue de son amour au goût de sel nouveau, au goût de sang ancien et de sables anciens ; car, souvenons-nous de l'Amoureuse Justice de l'Atalante, il a fallu qu'une chaire jeune et vivante se refuse pour qu'une autre chaire se donne éternellement.

in Traité de la chasse au faucon de Jean Parvulesco,
Editions de l'Herne, 41, rue de Verneuil, 75007, Paris, 1984.