lundi 8 juin 2009

De Malcolm de Chazal, ces enrichissantes et, parfois, ahurissantes formulations...

Les peuples qui ont la spiritualité vivante n'ont point besoin de religion. L'Age d'Or s'en passait. La religion est un champignon qui pousse sur le fumier du Bien et du Mal.
Ainsi l'Enfer est le Pays des Religions. Et le Ciel n'a pas de religion, puisque c'est LA VIE.

La définition de l'ange ainsi définira la vie.
L'ange agit élémentiellement, il ne fait rien parce que, pour que, il n'a pas de mobile, il n'a pas une pensée articulée, ni un langage articulé, ni des émotions articulées : il n'a ni pensée, ni langage, ni émotion, il est pensée, il est langage, il est émotion : il ne devient pas, il est. Et être ignore le mobile, car le mobile implique une arrière-pensée à l'acte. L'ange n'a pas d'arrière-pensée, il est pensée en action, la pensée est acte chez lui et acte est pensée, et vivre implique l'indivision.

L'homme à mesure qu'il est tombé et qu'il a ignoré ce que c'est que l'ange, a conçu un Ciel de Division, d'après le mode de l'enfer terrestre, où se trouvent le bien, le bon, le bonheur, le beau, etc., attributs de l'enfer.
Tout cela est faux.
Le Ciel n'est pas un des aspects de l'antinomie Bien-Mal. Bien et Mal qui font l'Enfer, viennent de la vie divisée. La vie c'est ce DEPART par quoi l'Enfer est venu en divorçant la vie.
Et dans ce Départ, Bien et Mal n'existaient pas, il y avait à leur place deux aspects liés d'une vie une, et c'est le divorce qui a fait apparaître Bien et Mal, et les aspects "scindés" cessant d'être vivants par la division, sont devenus des réalités d'apparence, pures illusions, et c'est de cette illusion et de cette apparence que découle la fausse conscience qui est le moi et qui est l'Enfer, et qui est Satan.
Satan donc ou le moi, ou l'Enfer, c'est la vie qui a perdu son unité, et qui de réalité a passé à l'apparence.
Et pour connaître la vie, il ne suffit que de ramener les éléments épars qui se sont scindés et de les ressouder.
Ainsi le printemps, c'est l'été et l'hiver indisolubles. Que le printemps se divorce en lui-même, et nous avons les glaces et les torridités.
La myrrhe est divine. Divorçons-la et nous aurons le pestilentiel abominable et l'épouvantable douceâtre.
L'oeillet embaume. Divorçons-le, et nous avons la pourriture et l'écoeurant.
La chair des anges, c'est l'odeur du Ciel. Divorçons-la, et voici aux deux extrêmes le cadavre absolu et l'odeur d'excrément du dernier Enfer.
Et le miel est un des produits de divorce dont l'autre aspect est l'amertume. Liés, ces aspects donnent le nectar céleste.
La volupté est le spasme de Joie de la conscience. Divorçons-la et nous aurons d'une part la douleur des douleurs et de l'autre un plaisir si inconcevablement fade que l'âme périrait dans le rien en l'éprouvant, comme dans un vide.
Ainsi LA VIE, c'est justement ce que le divorce humain qui a porté sur les choses a amené aux opposés, dont les noms sont le Bien et le Mal, et qui sont la dualité infernale, alors que le Ciel est LA VIE.
Ainsi LA VIE se définit comme ce que nous avons scindé en corps épars de Bien et de Mal, VIE qui est une indivisible unité à deux aspects indisolubles.
Et le Ciel, monde de l'Unité, est le Monde de la Vie.
Et l'innoncence consiste en cet état ou la dualité cessant, tout ce qu'on pense, agit, aime etc, n'a aucun rapport d'opposés, nulle comparaison, et où chaque chose en soi est une unité analogique et allégorique, correspondant dans le Grand Tout à une qualité manifestée de Dieu, où Dieu, l'UN, est l'unique fin, et tout ce qui vit est rapports de conscience avec Lui Seul, et par le fait où Dieu vit tout, et tout vit en qualités respiratoires, pulsantes, digérantes, marchantes, parlantes, aimantes, louantes, extasiantes, etc., en Lui, Même Tout.
Le Ciel est le royaume de l'UN. Le Ciel est le Royaume de Dieu, où la conscience-une vit une toutes les fins, où toutes les fins sont dans tous les départs et tous les départs sont dans toutes les fins, faisant du Ciel le Royaume de l'Alpha et de l'Oméga, où le Corps d'Alpha et d'Oméga, qui est le Christ, est lui-même manifestation de l'Alpha et de l'Oméga Absolu qui est Dieu, où tout se raccorde, où tout se rejoint, d'où tout part, où tout finit et recommence, et qui est l'Origine Absolue et la Fin de Tout, le MAITRE.

in LA GRANDE REVELATION, Port-Louis, 1952, tirage de 200 exemplaires numérotés.