L'étude colossale que M. Paul Mus consacre depuis 1932 dans le Bulletin de l'Ecole française d'Extrême-Orient au colossal Barabudur est d'une richesse et d'un intérêt prodigieux. Bien qu'elle ne soit pas encore achevée, l'auteur vient de publier en tiré à part les huit cents pages in-quarto déjà parues, en y joignant une préface de plus de trois cents pages qui permet déjà d'en prendre une vue d'ensemble. La discussion d'une telle oeuvre serait néanmoins prématurée, et il y faudrait une compétence bien supérieure à la nôtre. Sachons d'abord admirer, même si nous demeurons quelque temps étourdis par une surabondance que sert une merveilleuse fertilité d'expressions. L'un après l'autre, l'un par l'autre, les principaux problèmes du bouddhisme sont largement renouvelés. Le lecteur va de découverte en découverte, moins par la brusque apparition de données nouvelles que par un approfondissement progressif dû à une suite de convergences. Au reste, il n'est pas besoin d'être bouddhisant ni même indianiste pour tirer le plus grand profit d'une oeuvre où sont engagés tant de questions de méthode, utilisées simultanément tant de disciplines, et abordés tant de thèmes d'un intérêt universel. S'il est sans doute beaucoup moins une histoire de la religion bouddhique que son auteur ne paraît le croire, le Barabudur est une importante contribution à l'histoire de l'esprit humain.
Père H. de Lubac in Recherches de Science religieuse, 1937.
